J’envisage la photographie comme un jeu. Evidemment, je ne la conçois pas seulement ainsi mais je ressens souvent l’acte photographique comme quelque chose de profondément ludique.
Des objets, des motifs singuliers ou ce que révèle un instant précis engendrent chez moi plusieurs niveaux de réactions. J’accède distinctement ou simultanément au plaisir visuel, à l’interrogation et à la plénitude. L’appareil photographique m’entraîne à « découvrir l’œil qui est en chaque chose »[1]. J’essaie alors de reproduire l’étrangeté. Je tente d’épuiser un lieu privé. Je manifeste l’expérience de l’espace. J’interroge le regard en tant que geste et l’acte photographique suivant diverses opportunités.
Rien n’est prémédité. Tout est pratiquement conditionné par ma sensibilité aux choses ainsi que ma culture visuelle.
[1] Giorgio DE CHIRICO in Valori Plastici, Ie année, n°1, 15 novembre 1918, Rome, cité dans LISTA Giovanni, Giorgio de Chirico suivi de L’Art métaphysique, Paris, Hazan, 2009, p. 268.